Le mariage de Harold et Mathilde à Eauze, Gers

11h, tous nos amis musiciens sont prêts. Je laisse les autres finir la décoration, attrape mon alto et enchaîne quelques notes avec mon ancien quintet. C'est un grand moment de retrouvailles, l'émotion est déjà là, nous le sentons. Ensuite, c'est le déjeuner. Les choses s'accélèrent un peu : Xavier, le gérant du domaine, me prend à part pour que je supervise le dressage des tables de la réception de noces, prévue à 21h. Tout est parfait, tout est très beau, je le laisse dresser les tables selon mes instructions et part déjeuner avec ma famille.

À 14h30, je pars me préparer. Mes trois meilleures amies sont là, deux d'entre elles me coiffent et me maquillent, la troisième s'occupe de ma fille. Ma mère est présente aussi, elle repasse ma robe. Nous discutons, rions, je leur dis (très maladroitement) à quel point je suis heureuse de les avoir avec moi aujourd'hui. J'enfile ma robe, le moment devient sérieux, je deviens une mariée, pour de bon. À 16h, mon fiancé va s'habiller. Il est dans la pièce d'à côté, je vois la photographe qui s'affaire pour le rejoindre. La pression commence à monter, je relis encore et encore mon discours que je connais déjà par cœur. Il faut dire que je n'ai pas fait simple : j'ai prévu de chanter à la fin de mes vœux ! J'espère pouvoir arriver à sortir ma voix et qu'elle sorte juste...

16h30, ma fille est habillée, moi aussi. Nous sommes prêtes à découvrir Harold. C'est un grand moment d'émotion. Nous gardions nos costumes secrets, la surprise est totale, mais si belle !

16h50, les gens s'installent et moi je les regarde de ma fenêtre, avec mon père. Je découvre avec joie que nos invités ont joué le jeu de nous suivre sur notre thème Belle Epoque. Tout le monde est habillé façon 1900, c'est magnifique et très émouvant. Nous avions pourtant bien précisé que cela n'était absolument pas obligatoire. Je vois mes frères si élégants que j'en pleure déjà, avant même d'être sortie.

17h, ça commence ! Nos amis musiciens jouent le premier morceau de la cérémonie, celui sur lequel rentre Harold. Ensuite, c'est mon tour. Ma traîne se coince dans la porte, nous rions tous de la situation, pendant que mon père m'aide à la décoincer. Ouf ! Rien n'est déchiré, on peut y aller ! Les discours s'enchaînent, nous pleurons d'émotion. Harold me fait un discours poignant, il me fait rire et pleurer en cinq minutes. Puis c'est mon tour, je crois que tout le monde apprécie de me voir chanter, mais je n'en ai cure, tant le regard heureux et ému de mon mari est au centre de mon attention.

Après l'échange d'alliances, nous nous dirigeons vers le vin d'honneur. Pour moi, cela passe très vite, je ne vois quasiment personne, car je cours dans tous les sens pour préparer mon bouquet, faire les photos de couple et faire le jeu du ruban. C'est ma demoiselle d'honneur, celle qui m'a coiffée, qui reçoit le bouquet. Nos témoins nous ont organisé des surprises, un jeu de devinettes s'engage, où des invités ont rédigé des anecdotes que l'on doit reconnaître et deviner qui l'a écrite.

À 21h, c'est le repas ! Nos palais se délectent de mets plus fins les uns que les autres. Nous avons deux menus ; un avec viande, l'autre vegan. Nos invités sont ravis et se régalent. Les tables ont été dressées exactement comme nous l'avions voulu, tout est parfait. Mes amis du quintet me font une surprise et organisent un blind test avec tous les morceaux que nous avons joués ensemble au cours de nos années toulousaines. Évidemment, c'est notre table qui gagne, nous remportons une bonne bouteille ! Puis le père et l'un des frères d'Harold jouent un duo pour piano et violoncelle. Cela faisait des années que son frère n'avait pas joué du violoncelle, c'est donc un énorme cadeau qu'il fait à Harold ce soir-là.

À 23h, vient le gâteau. On me demande si j'ai envie d'une musique particulière, je demande sans hésiter le quatrième mouvement de la septième symphonie de Beethoven : héroïque, grandiose, magnifique. Tout ce qu'il faut pour me mettre en joie et adorer ce moment, où je jubile d'avoir mon gâteau de mariage sur du Beethoven, mon compositeur préféré. Puis vient le lancer de lanternes. C'est un instant un peu suspendu, où on stresse un peu de ne pas mettre le feu aux arbres, puis où nous soufflons de soulagement quand nous les voyons passer au-dessus. Nous les voyons s'élever en même temps que la lune se lève, c'est magnifique, nous sommes comblés et réalisons à quel point notre journée a été placée sous le signe de la beauté. Le bal s'ouvre sur une valse de Shostakovitch (la numéro 2, de Jazz Suite) et nos invités nous rejoignent petit à petit sur tout le morceau. Puis c'est la fête, nous dansons toute la nuit.

Le lendemain n'est que plaisir et partage, où chacun se raconte ses anecdotes de la veille, où tout le monde revient sur notre cérémonie. Tout le monde l'a trouvée émouvante, à notre image, très réussie. Je reçois de nombreux compliments sur ma robe et nous revivons encore et encore, pendant cinq jours, l'allégresse de cette journée hors du temps.